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(à travers le monde - Afrique, Caraïbes, Amérique du sud, Brésil, Usa, Asie, Europe)
né en 1902 à Paris - décédé en 1996 à Salvador de Bahia, Brésil
actif de 1932 à 1962 environ
Né le 4 novembre 1902 à Paris, décédé le 11 février 1996 à Salvador de Bahia au Brésil, Pierre Édouard Léopold Verger est le second fils d'une famille de grands bourgeois (imprimeur) d'origine belge et allemande. Jeune homme, encore insouciant, il jouera au dandy dans la "bande à Prévert" dans les années 1930, côtoyant les artistes de l'époque et fréquentant les lieux à la mode. C'est à ce moment qu'il découvre "le Bal Nègre" de la rue Blomet , rencontre des Africains et des Antillais et découvre leurs conditions de vie. Il en est perturbé.
En 1932, à la mort de sa mère, il abandonne tout et s'initie à la photographie avec Pierre Boucher en Corse. Il part en URSS célébré le 15ème anniversaire de la Révolution d'Octobre, déçu, puis à Tahiti pour une vraie nouvelle vie où il restera une année.
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En 1934 de retour en France, il fonde "Alliance Photo", l'une des premières agences photographiques françaises, avec Pierre Boucher, René Zuber, Emeric Feher, Denise Bellon et Maria Eisner comme administrative, Robert Capa viendra les rejoindre plus tard pour quelques années. Les reportages et la vente de photographies lui permettent de vivre jusqu'à la Deuxième Guerre Mondiale. Il travaille aussi au laboratoire photographique du jeune Musée de l'Homme où il lie connaissance avec Alfred Métraux, Michel Leiris, Georges-Henri Rivière, Marcel Griaule, Denise Paulme et bien d'autres et s'initie au monde africain qu'il avait croisé quelques années avant.
Toujours en 1934, le grand quotidien Paris-Soir l'envoie avec le journaliste Marc Chadourne faire un tour du monde avec son nouveau Rolleiflex. Pendant une année, il traverse des USA (New York, Nouvelle Orléans, Los Angeles), puis le Japon, la Chine (Pékin, Shanghai), les Philippines, Singapore, Colombo, enfin retour avec escale à Djibouti. C'est la découverte du monde. Déjà il s'imagine abandonner l'Europe séduit par Shanghai et les Philippines.
En 1935, de retour d'un voyage solitaire en Espagne à l'aube de la guerre civile, Pierre Verger rencontre l'éditeur Paul Hartmann avec qui il collaborera pendant 30 ans à la réalisation d'ouvrages touristiques (Espagne, Italie, Mexique, Brésil, Congo Belge...). La photographie de Pierre Verger, très humaniste et ne cherchant jamais les coups de presse, est publiée dans de très nombreux ouvrages. Il est alors l'un des photographes majeurs de la photographie française. Mais Pierre Verger est un photographe qui veut garder sa liberté.
En novembre 1935, il part seul à travers l'Algérie et le Sahara vers l'Adrar des Iforas, Gao, Tombouctou, le Niger puis le Togo et le Benin. Premier vrai contact avec l'Afrique qui le marquera jusqu'aux derniers jours. Il rentre à Paris en 1934 pour repartir aux Antilles quelques semaines plus tard (Martinique, Guadeloupe, Haïti, Saint Domingue, Cuba et le Mexique). Il voyage en échangeant reportages photographiques contre bon de transport, et tire ses photographies au laboratoire du Musée de l'Homme lors de ses courts séjours à Paris.
Retour en 1937 où les Arts et Métiers lui confie un reportage sur l'Exposition Universelle de Paris. Une de ses photographies est sélectionnée pour une exposition organisée au MOMA de New York. Maria Eisner, administrative d'Alliance Photo, pousse Pierre Verger à "couvrir" la guerre sino-japonaise. Mais sur place, l'horreur lui fait tout abandonner. Robert Capa, devenu indépendant, suivra les atrocités pour la presse occidentale. Pierre Verger, lui, s'enfuit aux Philippines puis au Vietnam, Laos et Cambodge. Le refus de poursuivre un travail journalistique le pousse à quitter Alliance Photo. Il ne restera plus à Paris que pour repartir immédiatement vers d'autres continents. L'Amérique du Sud l'attend. Après une courte mobilisation en 1938, il part au Mexique où il rencontre Trotsky, puis l'Equateur, la Bolivie, le Perou et le Brésil d'où il rejoint le Sénégal.
1940, arrivée à Dakar, il est mobilisé sur place et travaille avec Théodore Monod à l'IFAN (Institut d'Afrique Noire). Cinq mois après, il est démobilisé et part vers la Guinée Bissau et le Cap-Vert pour l'Argentine, poursuit en Bolivie et au Pérou où il séjournera dans des conditions difficiles pendant la guerre mondiale.
Le 13 avril 1946, il arrive enfin au Brésil où Roger Bastide l'encourage à aller à Salvador de Bahia, la ville la plus africaine d'Amérique du Sud. Pierre Verger y vivra jusqu'à sa mort. "Je me sentais un des leurs, recherchant mes origines dans une Afrique que je connaissais à peine, mais un peu tout de même, par rapport aux Bahianains qui ne la connaissaient pas du tout, mais qui en perpétuaient la culture à travers leurs cultes", des cultes qui entretenaient la dignité et l'identité de ce peuple noir exhilé. De Bahia, il sillonnera tout le Brésil et partira en Afrique à la recherche de leurs origines. Pierre Verger sent que c'est à travers cette quête qu'il trouvera sa propre vérité, celle d'un homme troublé par l'assurance du monde occidental, d'un homme qui refuse de n'être que ce qu'il apparaît être. La "mystique" africaine, laissant libre d'exprimer chaque élément de soi-même, lui semble être sa voie libératrice.
En 1948, il suit Alfred Métraux en Guyane Hollandaise puis à Haïti. Il rencontre aussi Gilbert Rouget, ethno-musicologue du Musée de l'Homme de Paris. Fin 1948, il se rend à Dakar auprès de Théodore Monod qui lui demande de rédiger une thèse qui sera accompagnée de ses photographies. Dès lors, Pierre Verger se détourne de la photographie pour s'engager dans la voie de l'écriture. Il sera plusieurs années après nommé chercheur au CNRS, relateur rigoureux des relations et des cultes des deux mondes, africain et brésilien. La photo était son inconscient actif, son impulsion à saisir, ce déclic instantané et frais d'un regard sur le monde. Monod l'envoye au Benin et au Nigeria où Verger découvrira des filiations directes entres les habitants de l'ancienne côte africaine des esclaves et ceux de Bahia, la Baie de tous les Saints. Il sera initié à Kétou en 1952 grand Babalowo, père des secrets et celui qui voit l'avenir. Il retournera alors au Brésil, célébré dans les candomblés, voué au dieu Shango. C'est une deuxième naissance. On lui donne le nom de Fatumbi.
Il est resté en contact avec l'éditeur Paul Hartmann qui lui confie la réalisation du livre "Congo Belge" en contre partie de l'édition de sa thèse "Dieux d'Afrique" (1954), ouvrage de référence sur les cultes Yoruba africains et Orisha du Brésil (réédité par Revue Noire en 1995). Pierre Verger continuera ses allers et venues entre l'Afrique, le Brésil et les Caraïbes (où il travaille avec Lydia Cabrera) et deviendra le messager des peuples noirs d'Afrique et des Amériques. En 1966, il soutient sa thèse à la Sorbonne sur le "Flux et reflux de la traite négrière entre le Golfe de Guinée et Bahia, Baie de tous les Saints" (publiée chez Mouton en 1968).
Loin de Paris où il vient rarement pour quelques jours seulement, son travail photographique de quelques 65.000 négatifs resté à Bahia dans de petites armoires humides semble inaccessible. Tous ceux qui se sont penchés sur l'Afrique ont croisé sa discrète silhouette émaciée. Quelques uns se souvenaient de ses photographies, différentes des autres par l'humanité et l'amour qui s'en dégagent. C'est alors que Jean Loup Pivin et Pascal Martin Saint Leon, architectes et éditeurs de la Revue Noire, ont voulu vivre cette rencontre et faire redécouvrir ce regard plein de respect à travers un livre de photographies "Le Messager - The Go-Between".
Ces tirages ont été réalisés à Paris en 1992 par Ricardo Moreno d'après les négatifs originaux remis par Pierre Verger lors de ses visites. Chaque tirage a donné lieu à des observations et des rectifications de la part de Pierre Verger avant son acceptation. De son aveu, les tirages anciens de son travail ne lui convenaient pas, ceux-ci étant de fait pour presse divulgués par Alliance Photo puis l'Adep (Agence de Documentation et d'Edition Photographique), sans aucune surveillance. Toujours en voyage et manquant de ressource, Pierre Verger n'a réalisé lui-même que très peu de tirages lors de son apprentissage avec Pierre Boucher dans les années 40. La redécouverte de ses photographies réalisées pour son livre "Le Messager" et l'exposition itinérante qui commença au Musée de l'Elysée de Lausanne en 1993 puis au Musée des Arts d'Afrique et d'Océanie de Paris en 1994 redonnèrent la dimension artistique du travail de Pierre Verger souvent uniquement perçu comme ethnologique.
Pierre Verger s'est éteint 11 février 1996 à Salvador de Bahia, Baie de tous les Saints, dans sa petite maison rouge, à la couleur de Shango.
par Jean Loup Pivin et Pascal Martin Saint Leon, 1992
Pierre Verger a été beaucoup publié dans sa vie. Tout d’abord dans la presse des années 1930-50. Puis des photos dans des livres traitant de différents pays principalement chez son ami l’éditeur Hartman. Aussi dans des publications scientifiques sur les relations des africains des deux continents et leurs religions dès 1953.
Puis viennent les livres plus grand public sur le vaudou où les photos tiennent une grande place. Photos illustratives ou photos en soi, le choix est toujours hésitant.
À partir de 1980, les éditions Corrupio ont édité au Brésil les ouvrages de Pierre Verger.
En 1993, Revue Noire Editions publie "Le Messager-The Go-Between", 30 ans de photographies amoureuses du monde, qui fera redécouvrirent le photographie de Pierre Verger en Occident.
PUBLICATIONS
'En Espagne' - par M. Legendre - Hartman, Paris - 1935
'Italie, des Alpes à Sienne' - par J.L. Vaudoyer - Hartman - 1936
'South Sea Islands' - Condon Routlege & sons, Londres - 1937
'Au Mexique' - Introduction Jacques Soustelle - Paul Hartman, Paris - 1938
'Fiestas y Danzas en el Cuzco y en los Andes' - Editorial Sudamerica, Buenos Aires - 1945
'Incas of Peru' - Pochohontas Press, Chicago - 1950
'Brésil' - avec A. Bon et M. Gautherot, introduction A. Lima - Paul Hartman, Paris - 1951
'Congo Belge' - par C. d’Ydewalle - Paul Hartman, Paris - 1952
'L’influence du Brésil au Golfe du Bénin' - Mémoire 27 de l’IFAN, Dakar - 1953
'Le Japon , entre la tradition et l’avenir' - par Georges Duhamel - Mercure de France - 1953
'Dieux d’Afrique' - Paul Hartman, Paris - 1954
'Bahia de tous les poètes' - Guilde du Livre, Lausanne - 1955
'Première cérémonie d’initiation au culte des Orisha Nago à Bahia, au Brésil' - in Revista do Museu Paulista, vol. IX, Sáo Paulo - 1955
'Indiens pas morts' - Delpire, Editions Hoa Qui Paris - 1956
'Haïti, la terre, les hommes et les dieux' - Baconnerie, Neuchatel - 1957
'Notes sur le Culte des Orishá et Vodoun à Bahia, la Baie de Tous les Saints, au Brésil et sur l’ancienne Côte des Esclaves' - Mémoire 51 de l’IFAN - 1957
'Cuba' - Paul Hartman, Paris - 1959
'Grandeur et décadence du culte de Iyami Osoronga (Ma mère la sorcière), chez les yoruba' - in Journal de la Société des Africanistes, tome 35, Paris - 1965
'The Yoruba high god' - in Odú, University of Ifé, Ilê-Ifé, Ibadan - 1966
'Les côtes d’Afrique Occidentale entre Rio Volta et Rio Lagos (1515-1773)' - in Journal de la Société des Africanistes, tome 38, Paris - 1968
'Flux et reflux de la traite des nègres entre le golfe de Bénin et Bahia de todos os santos' - Thèse de 3° cycle - Mouton, Paris - 1968
'Trance & convention in Nago-Yoruba spirit mediumship in Africa' - in Spirit Mediumship in Africa, London - 1969
'Automatisme verbal & communication du savoir chez les Yoruba'- in L’Homme tome XII, Paris - 1972
'Trade relations between the bight of Benin and Bahia' - Ibadan University Press, Ibadan - 1976
'Retratos da Bahia' - Editora Corrupio, Salvador - 1981
'Lendas dos Orixás' - illustration E. Guerra - Editora Corrupio, Salvador - 1981
'Noticias da Bahia' - Editora Corrupio, Salvador - 1981
'Oxossi, o Caçador' - illustration E. Guerra - Editora Corrupio, Salvador - 1981
'Orixás, Deuses Iorubás na Africa e no Novo Mundo' - Editora Corrupio, Salvador - 1981
'Orisha, Les dieux yorouba en Afrique et au Nouveau Monde' - Editions A.M. Métailié, Paris - 1982
'50 anos de Fotografia' - Editora Corrupio, Salvador - 1982
'Lendas africanas dos orixás' - illustration Carybé - Editora Corrupio, Salvador - 1985
'Fluxo e Refluxo do Tráfico de Escravos entre o Golfo de Bénin e a Bahia de Todos os Santos' - Editora Corrupio, Salvador - 1987
'Centro Histórico de Salvador' - Editora Corrupio, Salvador - 1989
'Pierre Verger, photographies' - Editions du Désastre - 1989
'Pierre Verger, le Messager-The Go-Between' - Editions Revue Noire, Paris - 1993
'Le pied à l’étrier', correspondance d’Alfred Métraux et Pierre Verger de 1946-1963, réunie par Jean-Pierre Le Bouler, Editions Michel Place, Paris - 1994
'Dieux d’Afrique', réédition du livre de 1954, Editions Revue Noire, Paris - 1995
FILMS
'Les mollécules sacrées' - film de Jean Lalier et Monique Toselo - ORTF, Paris - 1971
'Africains du Brésil et Brésiliens d’Afrique' - film de Yannick Bellon - ORTF, Paris - 1975
'Les Orisha' - film de Monique Toselo - TV2, Paris - 1985
'A tún pade' - video de José Guerra - Corrupio - 1989
'Pierre Verger, photographe' - entretien de Pascal Martin Saint Léon, Paris Audiovisuel - La Maison Européenne de la Photographie, Paris - 1993
EXPOSITIONS RÉCENTES
'Alliance Photo, une agence photographique française 1934-1940' (avec des photographies de Pierre Verger, Pierre Boucher, René Zuber, Emeric Feher, Denise Bellon). Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Michael Gunther - 1988
'Pierre Verger, 1932-1962', Musée de l'Élysée de Lausanne (Suisse), Revue Noire - 1993
'Pierre Verger le messager', Musée des Arts africains et océaniens, Revue Noire, Paris - 1993
'Pierre Verger', Hôtel de Sully (Paris) Patrimoine de la Photographie 2005
Biennale de Paris, Palais de Tokyo, 2012
Dans les publications Revue Noire
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