Fragments d'une histoire intime de Revue Noire
par Joël Andrianomearisoa
Biennale de Dakar 2016
La glue du temps fait défiler de plus en plus mollement les pages pleines d’une histoire sans grand ’H’. De l’art contemporain africain aux expressions contemporaines africaines. Le sentiment paternel s’y perd pour renaître en sentiment filial. Nous ne sommes pas les pères de Revue Noire mais aujourd’hui ses enfants. Tant le temps que l’on pensait éternel, s’est refermé, autour de l’aventure d’une autre façon de connaître et de découvrir. Avec finalement pour seul effet insoupçonnable : la descendance.
Le futur ?
Les meutes des ambitions personnelles ont remplacé les meutes des ambitions collectives. Sans pour autant brider la fertilité du temps, de chaque temps. La stérilité reste l’apanage persistant, dans notre société, de ceux qui croient la comprendre et la diriger en observant de loin ce qui ne peut que plus être et encore moins ce qui sera. Tenter de mettre des mots à des concepts qui refusent de s’y laisser enfermer. Car le monde des formes est bien celui des concepts qui refusent de se laisser enfermer par l’équation des mots sans littérature.
Ici à Dakar, pour cette biennale qui nous est si chère - essentielle - depuis sa création, notre filiation est affirmée comme telle par Joël Andrianomearisoa. Il va puiser, dans son intimité et dans la grande bibliothèque des images partielles ou entières de Revue Noire, les éléments pour construire sa ’Maison sentimentale’.
Fragments, matières, mots perdus et retrouvés, une nouvelle musique des formes en des milliers de pages pleines et vides, petites et immenses, nous accompagne dans ce long bâtiment devenu galerie. Non pas ’Galerie des Glaces’ au reflet de soi mais promenade où l’on entre entier dans la profondeur du mystère.
par J.L. Pivin
'La Maison sentimentale', Joel Andrianomearisoa, Galerie Le Manège, Dakar, 2016 © photo Adji Dieye
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