EDITO
Paris. Et hop ! Tout devient léger
Le dictateur du monde s’enrôle dans une pièce de théâtre de paroles infinies sur la gloire et la postérité. Le texte est sourd. La pièce a pour décors une ville dont la force tient dans la maîtrise de tous les pouvoirs rassemblés et dans son impuissance à y intégrer les regards, la nature, la vie et mort. (…)
C’est l’histoire éternelle du jeune-homme-venu-de-loin attiré par les lumières de la grande ville pour échapper au destin qui lui était imposé, pour trouver l’espace dont son corps et son esprit avaient besoin pour exprimer sa liberté de dire et d’être, pour échapper à la mort annoncé. La grande ville ne l’attendait que pour user sa jeunesse et son énergie pour ensuite le jeter ou l’intégrer selon ses propres codes. La ville n’est pas un rempart, mais une suite de creux. La rue, les carrefours, les places dessinent la ville. Tout est labyrinthe avec chaque fois un carrefour qui vous renvoie au cul de sac de soi avec soi ou vous laisse continuer à avancer sans jamais pouvoir s'arrêter.
La ville n’est pas douce, la ville est dure de ses pierres qui entourent le chemin, avec ses fenêtres fermées comme autant de regards qui ne vous regardent jamais. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus de chanteurs de rue. Cela fait longtemps que les images ne sont plus fabriquées dans la rue des théâtres et des gares. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus de concierges délatrices observant vos allées et venues. La ville est devenue une machine dans laquelle le jeune homme venu de loin n’a que sa solitude à apporter à celle des autres. Comme pour affirmer que la ville n’a plus d’autre dieu que soi-même. Ses cathédrales ne sont plus là où se vénère un dieu, quelqu’il soit, mais une architecture à visiter. On ne communie plus dans la ville. On barbouille sa solitude sur les pages, les images et les musiques pour faire croire qu’il y a du bruit dans la ville.
Anonyme, jamais reconnu, même si le clan auquel il finit par se rattacher fait semblant d'envahir l'espace immense de cette capitale, le jeune-homme-venu-de-loin jouit de cet anonymat comme d'une chanson dont le refrain est celui de la liberté d'être ce que l'on croit être un jour, une seconde, le temps que la grande ville revienne vous presser à votre exigence de solitude. (…)
Mais cela, le jeune-homme-venu-de-loin ne l'a peut être pas encore compris.
par Jean Loup Pivin
sommaire du RN 20 :
CD INÉDIT enregistré pour Revue Noire inclus dans le magazine
ART / Dinh Mandengué, Shuck, Christian Sabas, William Sagna, Elodie Barthélémy, Ass M'Bengue, Joneone, Afi Nayo, Ismael Mundaray, Alexandre Ekué Mensah, Tibari Kantour, N'Guessan Kra, Aboudramane, Absalon, Asnour, Bili Bidjocka, Bethe Sélassié, Myriam Bâ, Humberto Castro, Diagne Chanel, Diako, Fofana, Dimma Poulsen, Moise Finalé, Braïma Injaï, Bale Khanb, Godefroy Kopuassio, Abderrahim Yamou, Trewodros Markos, N'Dangani Mavambu
PHOTO / Akwa Bétoté, Amadou Gaye, Michel Bocandé, Patrice Felix Tchicaya, Alain Hermann, Darryl Evans, Omar Fall, Pierre Verger
LITTERATURE / Moussa Iye, Franck Houndégla, Ayoko Mensah, Alain Mabanckou
DANSE / Hip Hop, Akim Maïche, Sobedo, Pambe Wayack, Julie Dossavi, Kettly Noël, Merlin Nyakam
CINEMA / Boni Claverie, Désiré Ecaré, Dany Kouyaté, Hassane Kouyaté
MUSIQUE / 'Hip Hop à Paris', CD original de Revue Noire inclus dan le magazine avec Sophia Charaï, Joséphine Baker, B-Love, Rootsneg, King Mensah, Rosy Bazile, DaSoulman, Nasty, Sages Poètes de la Rue, D.Abuz System, Mama Intellect, Brice Wassy, Tchok Art Babnd, Ku Music, La Cliqua, ABS
ARCHITECTURE PATRIMOINE DESIGN / Xuly Bët, Mickael Kra, Ly Dumas, Mike Sylla, Fanny , Willi G., Gigi Calo, Frank Houndégla, Balthazar Faye, Chérif Medjeber, Yamo, Abdi
ENTRETIEN MEMOIRE / Jean Loup Pivin, Simon Njami, Bashir N'Diaye, Nathalie Rosticher
LIVRES / Jean- Raharimanana, Mamba, Waberi, Achille Ngoye, Sony Labou Tansi, Mohamed Kacimi
ACTUALITES du MONDE / Bruno Pédurand, Andries Botha
LES ARTISTES AFRICAINS ET LE SIDA / Bethe Sélassié, Bili Bidjocka, Sida, Djouher Oiuld Méziane
QUELQUES pages DU Magazine RN 20 :
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