PHOTO
né en 1966 à Daloa, Côte d'Ivoire
travaille à Abidjan et en France
Entre 1987 et 1989, après trois années de formations en France, Dorris Haron Kasco s'attache d'abord à une photographie de mode, à l'époque où Abidjan découvrait les talents de ses stylistes : 'Le couturier embellit un corps, au photographe de l'exalter'. Il expose son premier travail en 1990, ’La Femme masquée’, puis ’Bassam la vieille’ en 1991.
Son exposition ’Ils sont fous, on s'en fout’ présentée au Centre Culturel Français d'Abidjan en octobre 1993, puis au Première Rencontre de la Photographie Africaine à Bamako en 1994 par Revue Noire qui publie alors son livre 'Les Fous d’Abidjan', est le fruit de trois années de travail inaugurant une recherche sur la ville africaine et ses laissés-pour-compte.
À la suite, il travaille pendant 3 ans sur les enfants des rues d’Abidjan.
[déroulez le diaporama ci-dessous]
Au regard de son parcours, ce serait presque une contre-photographie que proposerait Dorris Haron Kasco, dés lors que l'on qualifierait la tradition photographique africaine - celle du studio et sur les marchés, où viennent se faire photographier des foules endimanchées – comme participant dans ses usages d'une culture de l'apparat, du spéculaire ré-enchanté et social.
Nulle pose dans ces rudes portraits des Fous d'Abidjan, nulle dignité patriarcale, aucune mise en scène qui viendraient parer l'édifice social d'une enveloppe séduisante. Tout au contraire, montrer l'envers du décor, ou plutôt son revers, où s'abandonnent les laissés-pour-compte de la ville moderne africaine, c'est échafauder un remaniement des codes photographiques, contaminant l'esprit de pacotille qui règne dans le studio. Ces silhouettes que l'on croise, mais que l'on ne veut pas voir, sont l'autre miroir de la société. Des figures la reflétant, posant leur regard au-delà de l'appareil, vers l'illumination d'une impossible reconnaissance.
Si la démarche de Dorris Haron Kasco est irréductiblement artistique, c'est qu'elle donne, aux manies et aux accents très 'physiques' de ces 'fous' d'Abidjan, la possibilité de passer dans nos corps.
par Jean Loup Pivin
publications Revue Noire
.