De l'art primitif à l'art rituel
par Jean Loup Pivin
Dans les problèmes de vocabulaire (et non pas de sémiologie) auxquels nous nous confrontons, et parmi eux les plus simples, nous avons du mal avec cette termes « d’art primitif » puis « d’art premier » qui n’ont rien de premier (l’art de la préhistoire, oui) ou de primitif (sans commentaire !).
Nous tentons de proposer « arts rituels » africains pour l’Afrique.
Un article de Michel Cressole de Libération titre « la fin de l’art primitif, vive l’art rituel » reprenant l’article du magazine Revue Noire RN07, 1992.
Ces formes d’art comme on dit l’art de la forge, du tissage, de sculpture sur bois… de la menuiserie… sont du ressort du savoir, du savoir faire et de l’art de faire et non de « l’art pour l’art » qui marquera un moment de notre civilisation. Sans évoquer l’histoire de l’art occidental et son croisement momentané avec l’art rituel africain, l’art rituel du monde entier a en commun probablement le partage de valeurs spirituelles et religieuses fondatrices des sociétés dont chaque acte est lié à un apprentissage plus proche de l’initiation que de la formation scolaire.
Pas de vision du monde et de fabrication de formes, sans que la place du fabricant de forme sacrée ou fonctionnelle ne soit pas clairement désignée comme celle de prêtre, intercesseur, médiateur… ou plus simplement initié.
Pour autant il ne s’agit pas de rendre « magique » , sacrée, l’univers des formes mais en tous cas de leur imprimer un sens qui s’il est perceptible, n’est pas limpide à tous (c’est le moins que l’on puisse dire). Cette « magie » étant moins attribuée à l’objet lui-même qu’à la parole, aux sens et au rôle qui lui était attribués : d’où dans de nombreuses civilisations non matérialistes l’abandon de l’objet sacré jusqu’à son remplacement.
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par Jean Loup Pivin, octobre 2009
(voir dans 'Anthologie de l'Art africain au XXe siècle', l'article d'Étienne Féau, 'Territoire des Formes')
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